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Appel
Date limite de soumission : vendredi 6 octobre 2017
Ce colloque international voudrait, moyennant une approche principalement, mais non exclusivement, historique, appréhender la « question du métissage » dans une perspective qui mette en relations les enjeux idéologiques, politiques, sociaux et culturels. Sans nous priver d’éclairages de longue durée, nous voudrions analyser les enjeux et les pratiques relatifs à la question du métissage lors des XIXe et XXe siècles, et dans une perspective d’histoire du temps présent. Il s’agira moins de proposer un tableau évolutif à visée exhaustive que d’interroger les facettes multiples d’une question, de considérer ce qui se noue (et se dénoue) autour de la mixité et du métissage dans différents contextes spatiaux-temporels.
Quatre approches seront ainsi privilégiées :
Les propositions en français ou en anglais (une page maximum) sont à adresser avant le 15 septembre 2017 accompagnées d’un CV à metissagecfp chez gmail.com
Colloque
Du 4 au 6 décembre 2017
Lundi 4 décembre 2017 : Salle de conférence, Centre d’Histoire de Sciences-Po
9h Début des travaux
Accueil : Marc Lazar, Directeur du Centre d’Histoire de Sciences-Po
Christian Delage, Directeur de l’IHTP
Introduction : 9H15 Marie-Anne Matard-Bonucci, Paris 8-IHTP ( CERA)- IUF
ENTRE MIXOPHOBIE ET MIXOPHILIE : PENSER LE METISSAGE
9h45 Doctrines religieuses / Présidence Valentine Zuber (EPHE-GSRL)
11H30 Approches politiques / Présidence : Dominique Schnapper (EHESS)
15h Approches intellectuelles et scientifiques / Présidence : Nonna Mayer (CNRS-CEE)
Mardi 5 décembre 2017 : CNRS, rue Pouchet, salle de conférences
POLITIQUES D’ASSIGNATIONS IDENTITAIRES ET REVENDICATIONS
9h30 Inclusion, séparation répression / Présidence, Isabelle Backouche (EHESS, CRH)
11H 30 Droits et combats / Présidence, Laurent Joly (CNRS-CRH)
15h PRATIQUES ET STRATEGIES DES UNIONS MIXTES
Passages, brassages / Présidence :Paul Zawadzki (Paris 1- GSRL, UMR 8582)
Mercredi 6 décembre : Lieu : CNRS, rue Pouchet, salle de conférence
9h Vécus : Frontières, Déchirures, hiérarchies / Présidence : Myriam Cottias (EHESS)
14h30 : La question des métissages culturels / Présidence : Jean-Claude Yon (CHCSC-UVSQ)
Discussion finale avec les membres du comité scientifique
16h30 Conclusion : Pierre Birnbaum (Paris 1)
Colloque international organisé par le Cera-IHTP (Centre de formation et de recherche contre le racisme et l’antisémitisme-Institut d’Histoire du Temps Présent) - Université Paris 8, l’IUF (Institut Universitaire de France) et le CHCSC-UVSQ (Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines - Université de Versailles Saint-Quentin
« La figure du “métis” et la hantise du métissage occupent une place centrale dans l’imaginaire raciste et antisémite. Le foisonnement terminologique autour de ces catégories atteste tout à la fois de leur centralité et du caractère universel des pratiques auxquelles elles renvoient : half-cast, mulâtre, quarteron, chabin… Dénuées de tout fondement biologique, les notions de « métissage » ou de « mariages mixtes » sont des constructions sociales qui n’en ont pas moins joué un rôle important dans la formation et l’assignation des identités et dans l’élaboration de « biopolitiques ». En Europe occidentale comme dans les Empires coloniaux, les « métissages » étaient le plus souvent réprouvés qu’il s’agisse de mariages entre personnes de différentes religions, nationalités ou « races » -suivant la terminologie d’usage. Perçue comme autant de menaces sur un ordre social protégé par des frontières de diverse nature, la pratique du « métissage » suscita différents types de législations entre politiques d’assimilation des rejetons issus des unions mixtes ou relégation dans une altérité radicale. Au sein des États assumant ouvertement une politique raciste et/ou antisémite, les mariages mixtes furent souvent interdits. Ainsi, au cours des années trente et pendant la Seconde Guerre mondiale, la question des “mischlinge”, des « demi-juifs » fut une obsession pour les nazis et un véritable casse-tête pour la plupart des États antisémites, dans le contexte des années trente et de la Seconde Guerre mondiale. Même lorsqu’il n’existait pas de statut spécifique pour les conjoints ou les descendants de mariages mixtes, ceux-ci subirent aussi, dans la plupart des cas, des discriminations quoique moins sévères, en général que les celles qui frappaient les conjoints juifs.
Dans les dernières décennies du XXe siècle, la notion de métissage a fait l’objet d’une re-sémantisation chargée de connotations positives. Vue comme un processus irrépressible, la mixité a été valorisée dans le champ culturel, les notions de métissage ou de transferts étant objectivées comme autant de processus constitutifs de l’histoire de l’humanité, perçus comme facteurs d’enrichissement plutôt que comme vecteurs de corruption ou de déperdition des patrimoines culturels et artistiques. Elle a également été investie d’espoirs politiques et philosophiques, notamment par des organisations internationales telles que l’UNESCO, ou encore théorisée à travers, par exemple, la notion connexe de créolisation développée par Édouard Glissant.
En dépit (ou peut-être en raison) du processus de mondialisation et de l’intensification des migrations au long cours, les résistances n’ont pas disparu. Métissage et mixité suscitent encore aujourd’hui, fantasmes, craintes et rejet. À droite et à l’extrême-droite, ils sont perçus comme un facteur de décadence des sociétés occidentales confrontées à la perte de leur identité. À gauche, non sans paradoxe, le refus de la mixité est porté par certains mouvements antiracistes tandis que sur la scène artistique, certains mouvements livrent bataille contre les phénomènes qualifiés « d’appropriation culturelle ». »
Page créée le lundi 20 novembre 2017, par Dominique Taurisson-Mouret.